Le japon reprend la chasse à la baleine : pour quelles raisons ?

Le Japon est l’un plus grands chasseurs de baleines au monde, avec la Norvège et l’Islande. Si les prises ont été suspendues durant près de trois décennies, la chasse à la baleine est officiellement ouverte depuis le 1er juillet 2019. Le 26 décembre 2018, l’archipel nippon annonce en effet son retrait de la CBI (Commission Baleinière Internationale). Le moratoire n’étant plus d’actualité, la pêche commerciale est désormais lancée.

La chasse à la baleine : une tradition japonaise récente

La CBI a obtenu la suspension de la chasse à la baleine dans un contexte commercial en 1982. Dès lors, les nippons ont engagé des négociations afin que la chasse reste légale, sans jamais obtenir gain de cause. Les chasseurs n’ont pas cessé leurs activités pour autant. Les pratiques se sont poursuivies, prétextant alors des recherches scientifiques. Constatant que les débats restaient stériles en fin 2018, le gouvernement japonais décide finalement de s’émanciper de la CBI pour reprendre la chasse baleinière.

Au Japon, cette forme de pêche est présentée comme une tradition à préserver. Cependant, la consommation de la viande de baleine est assez récente. Effectivement, les japonais du XIIe siècle avaient inclus la chair de ce cétacé à leur alimentation. En revanche, il a fallu attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour que cette viande s’impose sur les étals et dans les cuisines. Aux alentours de 1948, 45% des viandes vendues et consommées sont d’origine baleinière.

Aujourd’hui, l’industrie baleinière fournit 300 emplois directs. Les prises s’articulent autour de 500 tonnes par an, ce qui équivaut à seulement 0.1% de la consommation de viande au pays. En parallèle, peu de restaurants servent encore ce cétacé. D’ailleurs, sa viande est principalement importée de Norvège, parfois d’Islande.
Malgré cette très faible consommation, une grande majorité des japonais soutiennent la pêche à la baleine. Plus qu’une question économique, il s’agit d’une fierté, une volonté de s’accrocher à un rite qui a marqué les jeunes années de ceux qui sont désormais les seniors du pays. Quelques communes considèrent d’ailleurs cette pratique comme un vecteur d’identité. A Shimonoseki, par exemple, les enfants consomment de la viande de baleine en cantines scolaires. Selon les responsables, il s’agit d’un moyen de leur inculquer les traditions culinaires locales.

baleine

Des quotas de chasse pour ne pas nuire aux baleines

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe fait partie des fervents soutiens de la pêche aux cétacés. C’est compréhensible, sachant qu’il est originaire d’une région qui pratique la chasse aux baleines. Cependant, il est annoncé que la pêche se limitera à la ZEE japonaise, soit la zone économique exclusive du pays. Pour rappel, les baleiniers nippons sont réputés pour leur témérité. Ils allaient jusqu’à poursuivre ce grand cétacé dans l’Antarctique. Il est désormais confirmé que les espèces hors des eaux territoriales japonaises n’ont rien à craindre.

Le Japon prévoit également un quota afin d’éviter l’extinction des baleines. Le porte-parole du ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche a expliqué que le calcul repose sur la méthode de la CBI. L’objectif est donc de préserver les ressources. Seules 227 prises seront donc autorisées d’ici décembre 2019.

En parallèle, le Japon pourrait s’intéresser à la chasse aux baleines de Minke. Selon les écologistes, cette espèce est l’une des rares qui ne soit pas encore en voie de disparition. Les chasses elles-mêmes restent controversées puisque ces cétacés jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire marine. Si les baleines venaient à s’éteindre, le bouleversement de l’écosystème serait inévitable.

Une chose est certaine : la chasse sous couvert scientifique n’aura plus de raison d’être. De toute façon, le quota devrait être valable quel que soit le motif de pêche officiellement énoncé. C’est certainement le meilleur compromis qui puisse être établi.

cétacé

Le cas encourageant de l’Islande

Les islandais s’en sont tenus à leurs quotas pour l’année 2018. 145 rorquals communs sur les 209 prises autorisées et 6 baleines de Minke sur les 217 ont été pêchées. On parle d’un quota annuel qui devrait rester valable jusqu’en 2023 si l’on se réfère aux annonces faites par le Ministère de la Pêche.

2019 s’annonce bien pour les baleines puisque a chasse est suspendue. On parle d’un première depuis 2002. Mais alors comment expliquer ce revirement ? La zone côtière interdite de pêche a été étendue. Les navires seraient donc contraints d’aller plus loin, ce qui augmenteraient considérablement les dépenses. La décision est probablement relative à la politique commerciale islandaise. En outre, le délai de préparation ne permet pas aux marins de prendre le large à temps. Les permis ont été délivrés plus tard que prévu suite à l’élaboration des nouveaux quotas.

Depuis 17 ans, les baleines qui sillonnent les eaux islandaises bénéficieront d’une année de répit. IP-Utgard ehf. avait planifié le départ d’un unique bateau pour la pêche à la baleine de Minke, sa grande spécialité. L’entreprise a pourtant confirmé son retrait de la campagne estivale, suite aux lourdes dépenses qu’elle impliquerait. Cette année donc, ce sont les concombres de mer qui seront pêchés et non les petits rorquals.

Pour certains, les baleines constituent des stocks alimentaires. Pour d’autres, il s’agit d’êtres vivants jouant un rôle essentiel dans l’équilibre de l’écosystème. La nature se régule en effet elle-même et enlever un chainon peut avoir des effets désastreux. D’ailleurs, je vous invite à lire mes 5 astuces pour protéger l’environnement. En ce qui concerne le Japon, la chasse est un moyen de préserver des traditions et probablement d’affirmer une liberté d’agir sans subir les contraintes internationales. Des mesures d’accompagnement étant prévues, nous espérons que la pêche baleinière ne nuira pas à la pérennité des espèces.